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Qu’est-ce qu’une bonne prise de son ?
1 déc. 2020
Introduction
Je ne connais pas d’artiste engagé dans la musique (interprête, chanteur, …) qui ne désire pas avoir « une excellente qualité de son » pour son propre EP ou album.
Nombre de ces artistes cherchent premièrement à réaliser eux-même leur album (enregistrement, mixage, mastering). Plusieurs critères peuvent motiver ce choix de « tout faire tout seul » :
- la numérisation du son et sa gestion facilité via l'informatique
- le faible coût du matériel (notion très relative)
- le total contrôle sur la qualité de son oeuvre
- les économies potentielles (après avoir acheté le matériel nécessaire)
- l’absence des contraintes car pas de dépendance de tierces personnes
Une fois bien engagé dans la phase « mixage », pour la plupart, le résultat obtenu est très loin de leurs attentes. Pour finir le projet au niveau de qualité souhaité, ils concèdent finalement à impliquer un « ingeson » pour réaliser le mixage des prises de son qu’ils ont préalablement réalisées.
Et c’est là qu’il y a le retour de l’Ingéson du style « Pas de problème … si les prises (de son) sont « bonnes » ! »
Mais que veux-t-on dire par « une bonne prise de son » ?
Qu’est-ce qu’une bonne prise de son ?
Conscient d’être à contre-courant de nombre de tutoriaux postés sur YouTube, de Formations « en ligne » ou de Forums spécialisé, je rappelle que ce n’est malheureusement pas exclusivement le fait d’utiliser un microphone de la marque XX ou un préamplificateur de la marque YY … qui certifiera les captures audio de « bonnes prises de son » !
Une bonne prise de son : c’est simplement une capture dont le signal nécessitera le minimum de correction lors du mixage pour obtenir le niveau de qualité et la couleur sonore souhaité.
Je sais : nombre de publicité font croire aux musiciens que l’achat de tel ou tel matériel « prestigieux » leur permettra d’obtenir (sans peine) la prise de son « idéale » …
… force est de constater que — dans la réalité et à réception des fichiers — les résultats sont souvent très « en dessous » de ces merveilleuses promesses !
Est-ce que l’équipement coûteux investi ne serait donc pas aussi magique que prévu … ou est-ce que les causes sont à chercher ailleurs ?
Pour y voir plus clair, je propose de distinguer trois critères qui contribuent à la qualité finale :
- la PERFORMANCE
- la QUALITÉ DU SIGNAL
- la COULEUR SONORE
Nota : cette analyse portant autant sur un instrument (acoustique ou électrique-électronique) que sur la voix d’un chanteur
1 - PERFORMANCE
Partie « interprétation », indépendante de la technologie et des critères de l’enregistrement.
- la Qualité de l’instrument (et/ou de la voix)
- La qualité « native » de l’instrument ne fait pas la qualité de la performance mais y contribue directement.
- Nota : Plus l’instrument sera de basse qualité, plus l’artiste devra être d’un très haut niveau de maîtrise pour en dégager un signal de qualité.
- …
- l’État de l’instrument lors de la prise
- Accordage, cordes neuves, réglages, qualité des contacts électriques …
- Si l’instrument est la voix : état de santé du chanteur, niveau de fatigue,
- …
- la Maîtrise de l’instrument (et/ou de la voix) par le musicien
- Ce n’est pas la technologie du studio qui fait la qualité d'interprétation, … mais les répétitions et les bonnes pratiques.
- S’il n’est pas possible de « boucler » la bonne prise en 3 essais … cela envoie clairement le message que l’artiste n’a pas travaillé sérieusement sa partie.
- …
- l’Humeur de l’interprète
- Politesse, « Présence » relationnelle avec les autres personnes (est ce que l’artiste est « débranché » de son smartphone et des réseaux sociaux)
- Respect des horaires, des consignes,
- Niveau de préparation ( la séance de prise de son n’est pas un lieu de répétition ! )
- Taux de confiance dans les autres personnes (musiciens, technicien, vidéaste, …)
- Niveau de stress vs bonne et joyeuse humeur
- Capacité « à être dans le projet, dans le message », à « faire corps avec l’instrument »,
- …
Ces points — très importants — sont évidement entièrement à la charge et responsabilité de l’Artiste-Interprète !
Il ne sert à rien de se précipiter pour appuyer sur le bouton « RECCORD » si les points évoqués ci-dessus ne sont pas positifs.
Comme disent les Américains : « Garbage In, garbage Out (GIGO) ».
C’est-à-dire le fait logique que des données d'entrée défectueuses produisent une sortie défectueuse … ou direction « poubelle ».
2 - La QUALITÉ DU SIGNAL
C’est - par essence - la partie purement technologique.
- Choix du / des microphone(s) :
- Type (technologie),
- Directivité et linéarité
- Max SPL, bruit de fond
- Adéquation de sa « couleur propre » avec la source à capturer et le message à servir
- …
- Choix ou gestion du local d’enregistrement et de son aménagement acoustique :
- Sonorité, recherche du meilleur placement dans la pièce,
- Gestion de la réverbération naturelle : pose de panneau amortisseurs, utilisation d’absorbeurs sonore, …
- Contrôle du niveau du « son de pièce » en cas de forte compression (ex : voix)
- Isolation du bruit parasite intérieur et extérieur
- …
- Placement du / des microphone(s) :
- Distance avec la source (sonorité, SPL Max, effet de « pop » …)
- Isolation acoustique par rapport aux autres sources sonores jouées en même temps (repisse)
- Vérification de la sonorité et qualité du signal capturé
- …
- Choix du type de préamplificateur micro
- « Couleur » sonore,
- Niveau de bruit de fond,
- Réponse transitoire,
- Linéarité,
- …
- Réglages du (des) préamplificateur(s)
- Phase,
- Impédance de charge,
- Équilibre des RMS pour les prises de son stéréo,
- EQ,
- …
Cet ensemble de choix, il devra les ajuster et les valider après quelques prises « témoins » non seulement à l’écoute (dans de bonnes conditions) mais aussi en visualisant le signal (forme d’onde et plug-in d’analyse) !!
- Absence d’écrêtage sur les Peaks
- Pour rappel — en cas d’utilisation de microphone Statique — l’électronique du microphone peut saturer indépendament du gain d’entrée du préamplificateur
- Niveau du « son de pièce » : réverbération et premières réflexions (E.R.)
- Absence de parasites
- Artefacts, clicks, buzz, ronflette, …
- Niveau du bruit de fond des électroniques utilisées
- …
3 - La COULEUR SONORE
Et enfin un point très important qui me semble trop souvent oublié : il convient de définir avant la prise de son la COULEUR SONORE recherchée directement à la prise. Ceci via un dialogue préalable entre le Directeur Artistique (ou l’Artiste) et le Réalisteur artistique, illustré d’exemples audio existants.
En effet, un TRÈS BON MICRO + TRÈS BON PRÉAMPLI sur un TRÈS BON INSTRUMENT associé à une très BONNE INTERPRÉTATION …
… peut-être « à coté de la plaque » en terme de la couleur sonore (par rapport au « climat », l’ambiance et le message du morceau)
Pour illustration :
- si le morceau exprime une ambiance « root » , que le thème de la chanson se situe dans une « petite salle dans un village reculé » il sera très mal placé d’enregistrer la Voix (et/ou guitare) avec un super microphone électrostatique très détaillé et très linéaire.
- Au contraite, un microphone dynamique vintage — voir un micro à charbon — contribuera bien mieux à l’ambiance
- … qui — de toute façon — sera très difficilement reproductible par émulation en post-production.
Peu connue, cette réflexion stratégique et décision en amont est l’un des facteurs facilitateur de nombreux succès … sans que la recette soit ébruitée.
CONCLUSIONS
- La Performance incombe à l’artiste = 1/3 de la qualité visée
- La Qualité du Signal incombe à l’ingénieur du son = 1/3 de la qualité visée
- La Couleur Sonore (1/3) est à charge des 2 acteurs = Artiste et Ingéson. Donc 1/6 chacun
Au total :
- L’artiste à 50% de responsabilité dans la qualité du son qu'il souhaite obtenir à la fin !
- … et l’Ingéson les 50% restant !
- … donc, si vous voulez tout assurer vous-même, vous vous rajoutez 50% de pression en plus ! Bon courage !